Thursday, October 4, 2007

Jacques Prévert (1900-1977)

né le 4 février 1900, à Neuilly-sur-Seine.
Il est un enfant heureux et gai qui rit en toutes circonstances. Il ne manque aucune fête, aucun cirque et déjà, se passionne pour le monde du théâtre. Son père qui connaissait des acteurs, l’emmenait en coulisses avant que les spectacles ne commencent.

Jacques ne veut rien savoir de tout ce qui s’appelle PRISON, il n’aime guère les prêtres et serviteurs d’ Église, car cela représente, à ses yeux, le pouvoir autoritaire, la passéisme le plus absolu et le conformisme le plus borné. La violence de l’anticléricalisme prévertien sera souvent rejetée avec dégoût et escamotée au profit de son intérêt pour les enfants, les fleurs ou les petits oiseaux. Sa mère commence, dès son jeune âge, à lui lire des contes de fées, elle l’initie au monde la fiction et du rêve. C’est elle qui lui apprend à lire. Ses préférences : David Copperfield, La Dame de Montsoreau, Les Trois Mousquetaires...

Le 1er février 1907, Jacques Prévert arrive à Paris, débute l’école et ce, en retard ! Il déteste rester des heures sans bouger, à écouter un maître ennuyeux qui le gronde lorsqu’il regarde les oiseaux ou les fleurs à l’extérieur. Ce dégoût se transposera dans ses écrits Page d’écriture et Le Cancre (Paroles).

Il accompagne souvent son père chez les pauvres et il se met à les aimer, à comprendre leurs joies et leurs peines, à découvrir les trésors de générosité, de délicatesse et de poésie qui se cachent au fond du cœur des plus démunis de la société. Il constate que le monde n’est pas toujours bon ; mais heureusement il y a le rêve, la lecture et le cinéma...
Son petit frère, Pierre, deviendra metteur en scène et Jacques écrira les scénarios et les dialogues d’un grand nombre de films.

C’est l’époque du cinéma muet 1908). Le soir, il va souvent au théâtre, sans payer (son père est critique dramatique) et il dévore plusieurs livres. L’école est insupportable pour lui et son frère Jean, donc ils changent d’école (une grande cour exposée au soleil et de beaux arbres).

1909 - Il commence de plus en plus à faire l’école buissonnière et il s’instruit dans la rue. Le regard de Jacques se teint de tristesse et ne le quittera jamais tout à fait, à la vision désolante du monde qui l’entoure.

1910 - Il déménage à nouveau et se fait de nouveaux amis dont Gavroche. Ils font les cents coups et se retrouvent même au commissariat de police. Ces errances ne l’empêchent pas de décrocher son certificat d’études , qui ne lui procure aucune satisfaction particulière. Sa joyeuse insouciance de ses premières années se brisa définitivement vers 10-11 ans, l’indifférence est devenue une forme de sagesse.

1914 - Il abandonne définitivement l’école et essaie de gagner sa vie. Parallèlement, la guerre s’est déclarée et dans toute son atrocité, elle lui fait horreur.

1915 : Son frère Jean meurt, alors âgé de 17 ans, de la fièvre typhoïde.

1920 - Il est forcé de s’engager dans la marine (son attitude n’est pas exemplaire et il fréquente souvent les prisons).

1922 - Le service militaire s’achève enfin. Le goût pour la littérature ne fait que s’amplifier (il fréquente les librairies et rencontre des auteurs )

1924 - Il découvre avec intérêt La Révolution Surréaliste.

1925 - Il rencontre des surréalistes : le non-conformisme absolu, l’irrévérence totale et aussi la belle humeur y régnaient. ( Rue du Château ou au Café Cyrano ) Ils commencèrent
( surréalistes ) à jouer au cadavre exquis, source naturelle d’inspiration. Cependant, il ne publia rien dans La Révolution Surréaliste.

1928 - Il rédige avec son frère Pierre le scénario d’un reportage sur Paris : Souvenirs de Paris ou Paris - Express . Il fonde alors, la société de production Roebuck films. Hélas, le film n’est pas un succès. Après avoir écrit une critique à l’endroit de Breton, Mort d’un Monsieur, il se sépare d’avec le mouvement surréaliste. Il considère cependant, que ce mouvement a joué un rôle déterminant dans toute la littérature qui a suivi.

1931 - Naissance de Prévert en tant qu’écrivain ( ne ressemble à aucun autre auteur ).

1932 - Une troupe est fondée, et on lui demande d’écrire des textes pour eux. ( Cette troupe deviendra plus tard, le groupe (Octobre). Sa femme, Simone, le quitte.

1933 - Joseph Kosma chante les poèmes de Prévert les plus connus :La Pêche à la baleine, Barbara, Les Feuilles Mortes.
Prévert écrit beaucoup de pièces de théâtre où il y joue et fait jouer ses amis de la troupe Octobre, maintenant fusionnée avec une autre troupe. Il se moque des bourgeois, des curés, de militaires... ce qui provoquait des scandales.

1937 - Sa compétence est de plus en plus reconnue par les professionnels du cinéma. En plus des nombreux films, dont il écrit les scénarios et dialogues, il produit de nombreux textes pour le compte de revues. Il revoit Janine, qu’il avait rencontrée en 1933 et ne se quittent plus. (Premier collage)

1945 - Il publie des livres pour enfants, son premier : Contes pour enfants pas sages.

1946 - Publication de Paroles ayant pour résultat un énorme succès.

1948 - Un dessin animé Le Petit Soldat est suivi de La Bergère et le Ramoneur . Ce court métrage remporta le Grand Prix International du dessin animé à la Biennale de Venise.

1955 - La Pluie et le Beau Temps est son nouveau recueil. Ici on peut y découvrir un Prévert conteur, poète, dramaturge, pamphlétaire, lyrique, réaliste et surréaliste.

1955-56 - il travaille à l’adaptation du roman de Victor Hugo, Notre - Dame- de - Paris .

1962 - Avec André Villers et son ami Picasso, il publie deux livres de photos, peintures et collages. Pablo Picasso a d’ailleurs fait un portrait de Jacques.

1963 - Il publie Histoires et D’autres Histoires : une sorte de continuité du livre Histoires de 1946.

1966 - Il publie Fatras.

1969 - Un journaliste s’entretient avec Prévert et publie, trois ans plus tard. le résultat de leur rencontre dans un livre nommé Hebdromadaires.

1973 - Il publie Eaux-fortes.
Il fut le scénaristes de plusieurs films célèbres:

Drôles de drames

Les visiteurs du soir

Les enfants du paradis de Carné

Remorque

Lumière d’été

Le 11 avril 1977, Jacques Prévert s’éteint
à Omonville - la - Petite, (Manche).


oeuvres :

PAROLES [1949] . Collection Le Point du Jour, Gallimard -poes.
- DES BÊTES... [1950]. Hors série, Gallimard -art
- SPECTACLE [1951]. Collection Le Point du Jour, Gallimard -poes.
- LETTRE DES ÎLES BALADAR [1952]. Hors série, Gallimard -nouv.
- LA PLUIE ET LE BEAU TEMPS [1955] . Collection Le Point du Jour, Gallimard poes.
- HISTOIRES [1963]. Collection Le Point du Jour, Gallimard -poes.
- FATRAS [1966]. Collection Le Point du Jour, Gallimard -poes.
- CHOSES ET AUTRES [1972]. Collection Le Point du Jour, Gallimard -poes.
- ARBRES [1976], Collection blanche, Gallimard -poes.
- GRAND BAL DU PRINTEMPS suivi de CHARMES DE LONDRES [1976] Collection blanche, Gallimard -poes.
- SOLEIL DE NUIT [1980] .Collection blanche, Gallimard -poes.
- COLLAGES [1982]. Textes d'André Pozner , préface de Philippe Soupault. Albums Beaux Livres, Gallimard -art.
- LA CINQUIÈME SAISON [1984] . Édition d'Arnaud et Danièle - - - - Laster. Collection blanche, Gallimard -poes.
- LA FLEUR DE L'ÂGE - DRÔLE DE DRAME [1988]. Hors série, Gallimard- scen.
- JENNY - LE QUAI DES BRUMES [1988] , Hors série, Gallimard -scen.
- LE CRIME DE MONSIEUR LANGE - LES PORTES DE LA NUIT [1990]. Hors série, Gallimard -scen.
- ATTENTION AU FAKIR ! suivi de TEXTES POUR LA SCÈNE ET - - - - -L'ÉCRAN [1995] . Édition d'André Heinrich. Collection Les Cahiers de la NRF, Gallimard -scen.
- CORTÈGE [1998] . Un livre conçu et réalisé par Massin. Hors série, Gallimard

Pour toi mon amour

Je suis alle au marche aux oiseaux
Et j'ai achete des oiseaux
Pour toi
mon amour
Je suis alle au marche aux fleurs
Et j'ai achete des fleurs
Pour toi
mon amour
Je suis alle au marche a la ferraille
Et j'ai achete des chaines
De lourdes chaines
Pour toi
mon amour
Et puis je suis alle au marche aux esclaves
Et je t'ai cherchee
Mais je ne t'ai pas trouvee
mon amour.


Barbara

Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu marchais souriante
Épanouie ravie ruisselante
Sous la pluie
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t'ai croisée rue de Siam
Tu souriais
Et moi je souriais de même
Rappelle-toi Barbara
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissais pas
Rappelle-toi
Rappelle-toi quand même ce jour-là
N'oublie pas
Un homme sous un porche s'abritait
Et il a crié ton nom
Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante ravie épanouie
Et tu t'es jetée dans ses bras
Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m'en veux pas si je te tutoie
Je dis tu a tous ceux que j'aime
Même si je ne les ai vus qu'une seule fois
Je dis tu a tous ceux qui s'aiment
Même si je ne les connais pas
Rappelle-toi Barbara
N'oublie pas
Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse
Cette pluie sur la mer
Sur l'arsenal
Sur le bateau d'Ouessant
Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu'es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d'acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant
Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n'est plus pareil et tout est abîmé
C'est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n'est même plus l'orage
De fer d'acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l'eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien.


Fille d'acier.

Je n'aimais personne dans le monde
Je n'aimais personne sauf celui que j'aimais
Mon amant mon amant celui qui m'attirait
Maintenant tout a changé est-ce lui qui a cessé de m'aimer
Mon amant qui a cessé de m'attirer est-ce moi?
Je ne sais pas et puis qu'est-ce ça pet faire tout ça?
Maintenant je suis couchée sur la paille humide de l'amour
Toute seule avec tous les autres toute seule désespsèrée
Fille de fer-blanc fille rouillée
O mon amant mon amant mort ou vivant
Je veux que tu te rappelles autrefois
Mon amant celui qui m'aimait et que j'aimais.

Le canre

Il dit non avec la tête
Mais il dit oui avec le coeur
Il dit oui à ce qu'il aime
Il dit non au professeur
Il est debout
On le questionne
Et tous les problèmes sont posés
Soudain le fou rire le prend
Et il efface tout
Les chiffres et les mots
Les dates et les noms
Les phrases et les pièges
Et malgré les menaces du maître
Sous les huées des enfants prodiges
Avec des craies de toutes les couleurs
Sur le tableau noir du malheur
Il dessine le visage du bonheur.

Le tendre et dangereux visage de l'amour


Le tendre et dangereux
visage de l'amour
m'est apparu un soir
après un trop long jour
C'était peut-être un archer
avec son arc
ou bien un musicien
avec sa harpe
Je ne sais plus
Je ne sais rien
Tout ce que je sais
c'est qu'il m'a blessée
peut-être avec une flèche
peut-être avec une chanson
Tout ce que je sais
c'est qu'il m'a blessée
blessée au coeur
et pour toujours
Brûlante trop brûlante
blessure de l'amour.

Les Enfants Qui s'Aiment

Les enfants qui s'aiment s'embrassent debout
Contre les portes de la nuit
Et les passants qui passent les désignent du doigt
Mais les enfants qui s'aiment
Ne sont là pour personne
Et c'est seulement leur ombre
Qui tremble dans la nuit
Excitant la rage des passants
Leur rage, leur mépris, leurs rires et leur envie
Les enfants qui s'aiment ne sont là pour personne
Ils sont ailleurs bien plus loin que la nuit
Bien plus haut que le jour

Paris at Night

Trois allumettes une à une allumées dans la nuit
La premiére pour voir ton visage tout entier
La seconde pour voir tes yeux
La dernière pour voir ta bouche
Et l'obscuritè tout entière pour me rappeler tout cela
En te serrant dans mes bras.